Je rêve de bains de mer, de pinèdes odorantes à l’aplomb de plages discrètes. Je rêve d’une longue marche qui serpenterait par le sentier du littoral, tantôt à l’ombre de pins maritimes, à flanc de garrigues parfumées, tantôt le long des jardins de quelques timides villas hébergeant les bonheurs balnéaires de furtifs estivants. Marchand sur la pointe des pieds tel un danseur de ballet, le nez par-dessus les palissades, je tiens sur mes épaules mes rêves de séjours ensoleillés, de siestes langoureuses sous les alizés, de sable collé sur les jambes, de rires parfumés au monoï, de lèvres répétant l’amour des vacances. Nous descendrions main dans la main par un sentier secret, depuis notre blanche villégiature, rejoindre les eaux cristallines de la grande bleue. Je me sens déjà glisser dans les bras frais de l’onde marine. Je ne flotte pas, je vole dans l'azur aquatique où tu me rejoins dans ma voltige suspendue. Nos corps exultent de la joie que nous procure la caresse de l’eau salée. Ivres de mer, bercés par les vagues, nous laissons le temps s’échouer sur le sable, hier et demain n’existent plus. Je suis mon ouïe captivée par le panorama sonore : doux crépitement des vagues mourant sur le sable, léger sifflement de la brise marine contre le pavillon de mes oreilles, bruissement des épines de pins agitées au bout des branches, cris d’oiseaux nous survolant au loin et ton souffle chargé d’amour sur mes lèvres. Je suis ma peau stimulée par la nudité : chaleur du soleil méditerranéen qui nous inonde, fraîcheur des gouttes de mer encore accrochées, douceur du sable fin collé, caresse du vent chaud qui agite nos cheveux, frissons laissés par tes doigts sillonnant mon dos. Je suis mon cœur qui tambourine encore au rythme de l’effort, je suis mon cœur qui sourit à la vie, je suis mon cœur qui s’ouvre à toutes les sensations et à la gratitude, je suis mon cœur qui chuchote que je t’aime. Plus tard nous remontons vers le soir qui s’invite à notre table pour un festin d’amour avant de nous abandonner sous les draps de la nuit. Les bonheurs emmagasinés pendant le jour rayonnent d’une douce chaleur sur les lits de coton. Mon corps est délassé, lové dans une harmonieuse fatigue, bercé par les parfums de monoï, de bergamote, d’huile de coco, de jasmin qui dansent sur ma peau. Je rêve de bains de mer et de pinèdes odorantes, loin de ces rivages qui m’appellent. Je rêve de bains de mer et de pinèdes odorantes et les convoque ici, au cœur de la ville, indifférent à sa frénésie mécanique et bruyante. Je souris, par-dessus le béton captif je sens presque l’odeur de la mer, devine le bruit des vagues. Merci mes souvenirs pour ce bain d’été à la mer.